La maison des pères Oblats

Les pères Oblats à Mons-en-Barœul 

Après plus de 90 ans de présence active, les missionnaires Oblats quittent la commune (1/2)

Depuis 1920, c'est la demeure des missionnaires Oblats. À cette époque, ils étaient nombreux. Aujourd'hui, ils ne sont plus que deux. L'an prochain, ils seront partis. La maison est en vente.



L'histoire des missionnaires Oblats commence à une autre époque et dans une autre région. La congrégation est fondée en 1816, à Aix-en-Provence, par Eugène de Mazenod. Cet aristocrate veut redonner du sens à la jeunesse provençale déboussolée par une période trouble et les guerres napoléoniennes. Eugène de Mazenod devient évêque de Marseille (1837-1861). Du port, beaucoup d'Oblats partent en mission vers les pays lointains. À partir de 1905, la loi de séparation de l'Église et de l'État va accélérer ce processus. Les congrégations ne sont plus les bienvenues sur le territoire français. Mais, à l'occasion de la Première Guerre mondiale, prêtres et religieux sont envoyés au front.


À l'Armistice, une tolérance de fait s'installe. De nombreux Oblats revenus parfois du Pôle nord ou d'Afrique du Sud s'établissent en France. C'est à cette époque que la congrégation s'installe rue du Barœul.

Bâtie, en 1880, sur un parc de 112 ares, Les Glycines fut une magnifique propriété. Mais le premier contact, le 1er juin 1920, est assez rude. Le père Léopold Lionnet, fondateur de la Maison de Mons et rédacteur du journal de bord des religieux, décrit « une terre martyrisée et saccagée pendant quatre ans ». Il faut songer à une rapide remise en état. « Les occupants, envahisseurs, troupes alliées, évacués de fortune, y ont laissé l'empreinte de leur savoir-faire en matière de rapines et de démolitions, note-t-il. Les toits sont troués, les tapisseries pendent. Le luxueux mobilier  de l'ancien locataire et les céramiques des murs des cuisines, arrachées, ont trouvé place un peu partout dans les maisons des environs. » En 21 jours de travail, les pères vont rendre la maison habitable. À cette époque, elle est située en pleine campagne. Il y a seulement, en face, une toute petite usine qui fabrique de la bière. Le chemin du Barœul qui sépare les deux propriétés serpente dans les champs entre les deux bourgs de Mons et Marcq-en-Barœul. Cependant, on est très proche de la ligne de tramway qui conduit à la gare Lille Flandres. La demeure permet à la fois le recueillement, la méditation et l'ouverture sur le monde.



Le journal de bord souligne d'ailleurs la beauté du parc avec des « saules pleureurs, une grande charmille chargée de glycine, des serres de 18  m de long qui abritent une vigne, un poulailler de 8 m de large, des écuries en bon état dans lesquelles on pourra mettre les vaches, une faisanderie que l'on peut transformer en canarderie et surtout un vaste potager qui peut produire tout ce qui doit entrer dans un bon pot-au-feu ». Toutes les conditions sont réunies pour que l'on puisse imaginer d'y faire vivre la communauté pendant un siècle. •  A. CA. ( CLP)

Mons-en-Barœul : La maison des Pères Oblats retrouve une nouvelle jeunesse (2/2) 

Cette très vieille maison, « Les Glycines », construite en 1880, se situe tout au bout de la rue du Barœul.



Cette grande propriété, bâtie sur 112 ares, englobe le parc du Barœul, et une partie du « Quartier des peintres ». Avant la première guerre mondiale, c’était la résidence d’été d’un riche propriétaire. Elle se trouve en pleine campagne, sa seule voisine est la Brasserie Coopérative Monsoise. En 1920, la congrégation des missionnaires Oblats en fait l’acquisition et y installe une communauté. Elle y restera presque un siècle. Les deux derniers missionnaires oblats, Bertrand Evelin et Yves Lhénoret y vivaient encore, il y a peu.





Cette présence des missionnaires a marqué la commune. Certains d’entre-eux, pendant des décennies, furent vicaires à l’église Saint-Pierre. Ils apprenaient aussi le catéchisme aux enfants. Beaucoup de Monsois les ont gardés dans leur mémoire et leur cœur. Ainsi Pierre Parent, 90 ans, ne les a pas oubliés : « Une partie de mes souvenirs d’enfance sont liés à leur grande maison. Quand j’étais gamin, j’allais pêcher la grenouille dans la mare qui se trouvait juste derrière. Le père Cotarmanac’h, un très vieux prêtre que je connaissais bien, venait s’asseoir sur une chaise pour discuter avec moi. Plus tard, un peu avant la guerre de 1940, j’ai vu construire la grotte dédiée à Marie ».



L’inquiétude des riverains est levée

Ce contact chaleureux avec la population, et cette grotte consacrée devant laquelle ont été prononcées tellement de « messes de plein air », avaient fait naître chez les paroissiens – et bien au-delà – une inquiétude quant au devenir possible de cette bâtisse. Depuis quelque temps cette interrogation est levée. Les nouveaux propriétaires, Juliet et Didier Watine, viennent d’en prendre possession.



Ils appartiennent tous les deux à la paroisse. Ils ont été parmi les premiers à apprendre la décision de la congrégation de vendre la maison. « Tout de suite, nous nous sommes demandé ce qu’allait devenir la grotte », témoigne Juliet. « Rapidement, nous avons décidé d’acheter la propriété. ». « Il nous a fallu beaucoup de temps pour viabiliser notre projet », poursuit Didier. « Il fallait qu’il soit cohérent, trouver le financement et, finalement, nous nous sommes lancés ! ». Juliet et Didier postulent alors pour le rachat de la maison des missionnaires Oblats. Ils ne sont pas les seuls, mais ils ont un point fort : leur intention de garder la grotte ouverte au public. Finalement, leurs démarches aboutissent. « Nous sommes très émus lorsque nous voyons les gens venir spécialement, s’arrêter devant la grotte le temps d’une prière ou pour y déposer un cierge », explique Juliet.



Juliet et Didier veulent faire de cette maison un centre pour la petite enfance. Juliet est assistante maternelle (elle garde quatre enfants). Il y a quelques mois, Didier, jeune retraité après une carrière comme directeur d’EPHAD et de centre social, a décidé de s’occuper de deux enfants supplémentaires. « Il y a longtemps que je voulais ouvrir un centre pour l’enfance et d’y accueillir d’autres collègues », explique Juliet. « Les vastes dimensions de cette maison et de ses constructions annexes vont nous permettre de réaliser ce projet professionnel. ». Ainsi, la vieille bâtisse, construite à la fin du XIXe siècle retentira-t-elle encore longtemps du rire des enfants. A.C. (CLP)